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ثقافة Les « Villages du vent » de Marwen Trabelsi : Ainsi parle aussi le langage naturel des lieux

نشر في  21 أكتوبر 2018  (18:21)

Les sons du temps suspendu planent sur les photographies de Marwen Trabelsi. Dans son exposition « Villages du vent » présentée au Musée national du Bardo du 25 septembre au 14 octobre 2018, trois séries de photos -« Niveaux de gris », « Nocturnes » et Délavés »- nous invitent à découvrir des facettes d’une suspension temporelle qui déjoue le ciel, la terre et notre attente.

La caméra du photographe se fond dans le décor naturel des lieux. A Douiret, Cheneni, ou à Kesra, villages dans lesquels Marwen Trabelsi a pris ses photos, il y a cette temporalité qui s’efface pour laisser place au langage des lieux. Un langage pétri de lignes épurées, de solitude, d’hauteurs divines, de chemins infinis et de paix transcendante. Là-bas, les portes des lieux sont ouvertes aux lumières sereines et à une espèce de communion douce et irréelle. 

Dans la série « Niveaux de gris », la caméra se fait discrète et les paysages naturels se font rois. Marwen Trabelsi suit des routes, surplombe une ville, écoute des solitudes. Tout est en noir et blanc et gris. Les couleurs se font indépendantes, se nuancent ou s’entremêlent pour donner naissance à des desseins naturels : Un arbre immense venant sceller une alliance éternelle entre ciel et terre, des nuages cotonneux s’accrochant au ciel pour raconter un poème aérien, une « dune cosmique » interpellant sur l’universalité du paysage, un mausolée d’ « Immaculée blancheur » se détachant de son décor originel pour incarner une unité divine. Les lieux, tels que photographiés, s’affranchissent de leur condition, défient leurs coordonnées naturelles. Ils sont là pour évoquer des possibilités architecturales, poétiques ou d’intensité visuelle.

La série « Nocturnes » propose un voyage aérien bleu. La couleur s’invite avec ses horizons, ses voutes, ses nuances et ses étoiles. Epris par la tonalité, le photographe en fait des mondes veloutés, des mélodies berceuses, des ouvertures câlines. Au détour d’une colline, sur la pente d’un escalier, ou en simple contre-plongée, le bleu de Marwen Trabelsi suggère un monde envoûtant, une coupole céleste qui viendrait adoucir ce qui nous est donné à voir et à regarder.

Quant à la troisième série « Les délavées », elle s’intéresse à une autre facette du village, celle du monde animalier. On y trouve des chiens, un âne, un agneau, un coq, un cheval, « sujets » essentiels du village. Les photos sont délavées et prises en plans larges. Elles reflètent la vie de ces animaux dans leur cadre naturel et dans une mise en scène libre de contraintes. Les photos racontent alors ces vies dociles, domestiquées ou apeurées avec une esthétique solitaire particulière.

L’exposition qui a pris fin depuis quelques jours au musée du Bardo, reprendra bientôt sa tournée à Nabeul (du 1 novembre au 1 décembre 2018 au centre culturel Néapolis) et à Paris et devrait faire l’objet, à notre humble avis, d’un partage avec le monde éducatif. Un partage qui permettrait des découvertes géographiques et des voyages visuels car nous voyageons aussi à travers le regard que nous posons sur les photos, art crucial en ces temps de l’image, des ciels ouverts et de la géographie sans bornes.

Chiraz Ben M’rad